« L’avenir compte des milliers de dimensions »

Une interview d’Eric van Walle, directeur général du SCK CEN

« L’avenir compte des milliers de dimensions »

2019 présageait un avenir meilleur. En Belgique, nous avons marché pour le climat, aidé les réfugiés et pulvérisé le record de Viva for Life, l’action de solidarité annuelle de la RTBF. Comment le SCK CEN s’inscrit-il dans ce paysage ?

« Depuis les années 50, notre regard se tourne vers l’avenir. A l’origine, notre Centre de recherche a été créé pour développer l’énergie nucléaire en Belgique mais très rapidement nous avons élargi notre connaissance et notre expérience dans divers domaines nucléaires. Ce faisant, nous nous concentrons toujours sur les possibilités d’applications orientées vers l’avenir de l’atome et de son noyau. Avec l’un des plus petits éléments constitutifs de l’univers, nous voulons faire la plus grande différence possible pour la société. »

Votre nouvelle devise est « Exploring a better tomorrow ». Pourquoi ce choix ?

« Cette idée est venue il y a quelques années lorsque nous avons cartographié les scénarios futurs de notre Centre de recherche. Comment le monde juge-t-il notre expérience ? Que pensent les gens de ce que nous faisons ici ? Comment pouvons-nous nous engager plus visiblement dans la société ? La réponse à cette dernière question fut pour nous très claire. Notre travail a plus d’utilité sociale que nous le pensons et que d’autres pensent, et cela tout le monde devrait le savoir. La pertinence sociétale a été et reste le fil conducteur de tous nos projets. Après tout, l’évolution de la science montre que nous pouvons de plus en plus représenter quelque chose pour les personnes chez qui un cancer est diagnostiqué. Nous voulons continuer à investir dans des solutions qui rendent notre monde plus durable avec les ingrédients nucléaires. C’est donc notre ambition d’assurer la connaissance nucléaire et cela pour les générations à venir. »

Une promesse noble, mais le SCK CEN peut-il aussi la réaliser ?

« Je peux répondre positivement à cela, comme nous l’avons encore prouvé en 2019. Je pense, par exemple, à notre réacteur de recherche BR2. L’année dernière, nous avons entamé tous les préparatifs pour augmenter le nombre de jours de fonctionnement de 160 à 210 jours en 2020. La demande de radio-isotopes médicaux et de silicium dopé augmente et nous sommes heureux d’apporter notre pierre à l’édifice pour en assurer l’approvisionnement. En 2019, nous avons aussi démarré la production de terbium-161, un radio-isotope prometteur parmi les radio-isotopes thérapeutiques. »

« Dans le domaine des matériaux de structure, tout le monde était sur le pont. Nous avons fourni des solutions pour le fonctionnement sûr des centrales existantes et futures, nous avons qualifié des matériaux de structure du réacteur d’essai de fusion ITER. En ce qui concerne la qualification des matériaux de structure de l’infrastructure de recherche MYRRHA, nous avons passé un nombre record d’heures sur les tests de corrosion. De cette façon, nous rapprochons MYRRHA de son objectif qui est de contribuer à l’optimisation de la gestion des déchets radioactifs. »

Les jours de fonctionnement supplémentaires du réacteur de recherche BR2 prouvent immédiatement leur utilité. La production commerciale d’électricité grâce à la fusion nucléaire sera possible au plus tôt en 2100. L’échelle de temps n’est pas la même.

« La science est une question de temps. Il faut du temps pour penser, laisser mûrir les idées, puis les tester à de nombreuses reprises. Rien ne doit être laissé au hasard. Parfois, nous devons ajuster un concept et reprendre les tests de qualification qui ont été faits. Toutes les solutions sur lesquelles nous travaillons ne peuvent être d’application demain. L’avenir compte des milliers de dimensions. »

« Parcourez ce rapport annuel et découvrez les milliers de dimensions de demain. »

— Eric van Walle, directeur général