Demain

Une sécurité accrue

Détecter, ralentir, neutraliser

Le SCK CEN a investi massivement dans la sécurité physique

Détecter, ralentir, neutraliser

Capteurs de vibrations, caméras intelligentes, sas individuels, contrôles d’accès, un personnel de surveillance bien entraîné et une force d’intervention (response force). Au cours des cinq dernières années, le SCK CEN a considérablement accru la sécurité physique. En 2019, le Centre de recherche a obtenu une reconnaissance officielle de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire. « Les nouvelles mesures font du SCK CEN un des sites les mieux sécurisés du pays », affirme le responsable de la sécurité Benny Carlé.

Il y a cinq ans, les voyageurs de De Lijn étaient encore surpris lorsque leur bus passait juste devant le réacteur BR2 sur la Boeretang. Un an plus tard, la Boeretang était définitivement fermée à la circulation et De Lijn n’était plus autorisé à emprunter cette route. Les habitants de Mol et de Dessel ont dû changer leurs itinéraires habituels. La fermeture de la Boeretang faisait partie d’une série de mesures de sécurité mises en oeuvre par le SCK CEN dans le cadre de la sécurisation des sites nucléaires.

Une première vague de sécurisation a été initiée après les attentats du 11 septembre, une deuxième vague après les attentats de Paris et de Bruxelles. « Les attentats du 11 septembre ont été une véritable révélation », rappelle Benny Carlé, responsable de la sécurité au SCK CEN. « Ce n’est que lorsque la menace terroriste est devenue aigue que l’idée est née : il y a nécessité de créer un cadre réglementaire global. » Sous la pression diplomatique des États-Unis, un cadre international a été établi. Le 17 octobre 2011, un Arrêté Royal portant sur la sécurité physique des matières et des installations nucléaires a été publié au Moniteur Belge. D’autres pays ont mis en place des systèmes comparables.

Une sécurité renforcée

En 2006, le SCK CEN a mis en oeuvre un système de sécurité additionnel pour le réacteur de recherche BR2. Ces développements ont été suivis et évalués par l’ambassade des États-Unis. « L’Arrêté Royal du 17 octobre 2011 met plutôt l’accent sur des zones concentriques et initie un système de défense en profondeur. Par exemple, alors que dans le passé nous regardions le réacteur BR2 dans son intégralité, nous examinons maintenant chaque couche de sécurité séparément », déclare le responsable de la sécurité. « Nous analysons les différents parcours que des intrus prendraient. Quel est le plus court chemin ? Quels sont les points vulnérables sur ce parcours ? Que se passe-t-il si quelqu’un pénètre dans le bâtiment ? Quand allons-nous détecter sa présence ? Quelles barrières avons-nous érigées pour ralentir l’intrus ? Et comment une équipe d’intervention réagit-elle pour neutraliser la situation ? »

Detect, delay, respond. Détecter les menaces, ralentir la progression et avoir une réaction adaptée : ces trois mots-clés constituent la base de la défense du Centre de recherche contre toute une série de scénarios réalistes de menaces. « Le gouvernement nous donne un certain nombre de scénarios de menaces à mettre en oeuvre. Au cours des exercices, nous tenons toujours compte d’une potentielle menace en interne : un employé qui utiliserait son accès autorisé pour nuire à l’entreprise », déclare Carlé.

La reconnaissance officielle de la FANC

La reconnaissance officielle de la FANC

Le SCK CEN a mis en place une série de mesures de sécurité pour faire face aux divers scénarios de menace potentiels. C’est ainsi que furent installés des capteurs de vibrations, des caméras intelligentes, des sas d’accès ne permettant l’entrée que d’une personne à la fois, des contrôles d’accès approfondis, du personnel de sécurité bien formé et une équipe d’intervention. L’an dernier, suite aux efforts consentis, le Centre de recherche a ainsi pu obtenir une reconnaissance officielle de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN). « Cette reconnaissance a été précédée d’un audit rigoureux. L’AFCN est venue visiter et a minutieusement vérifié toutes les descriptions de notre dosssier de reconnaissance », enchaîne Carlé. « En Belgique, il n’y a que cinq autres organisations qui ont obtenu pareille reconnaissance ».

La sécurité occupe une place importante chez nos collaborateurs. Tout le monde se sent concerné, c’est ce qui nous réjouit.

Benny Carlé

Des yeux partout

Installer des caméras et faire patrouiller des agents de sécurité, cela suffit-il ? Non, bien sûr. Le credo du secteur de la sécurité est « toujours s’entraîner ». « Les agents de sécurité peuvent détecter les mouvements suspects sur les écrans, mais ils doivent être aussi en mesure de donner les instructions correctes à l’équipe d’intervention. Les gardes, l’armée et la police doivent agir parfaitement de concert », dit Carlé. « Pour rendre ces compétences naturlles, il faut refaire cent fois l’exercice. C’est la raison pour laquelle le SCK CEN organise 21 exercices de simulation chaque semaine – c’est-à-dire des exercices sans action sur le terrain – et au moins 4 exercices sur le terrain. Entre-temps, nos équipes de sécurité ont plusieurs années d’exercice dans les jambes. L’AFCN suit de près et planifie des inspections périodiques. Même si ce ne sont pas seulement les organismes officiels qui font réussir le concept de surveillance. La sécurité occupe une place importante chez nos collaborateurs. Avec eux, c’est plus de mille paire d’yeux supplémentaires qui permettent de tenir le cap. Tout le monde se sent concerné, c’est ce qui nous réjouit », conclut Carlé.

La cybercriminalité : une affaire en plein essor

La cybercriminalité : une affaire en plein essor

La cybercriminalité est à la hausse. Le chiffre d’affaires mondial de la criminalité en ligne serait au même niveau que le commerce de la drogue. Pour la contrer, le SCK CEN travaille à une infrastructure ICT avancée et hautement sécurisée. « Le réseau est divisé en sous-zones qui protègent les zones par différentes barrières pourvues de méthodes de détection efficaces… Au cours des dernières années, une attention particulière a été accordée à ces aspects et nous continuerons d’y travailler à l’avenir. La cybercriminalité ne constitue pas seulement une donnée statique : les attaques sont de plus en plus complexes, les défis sont de plus en plus grands », conclut Carlé.

Peter Baeten (directeur général adjoint)

À l’échelle mondiale, les institutions nucléaires sont sous pression pour renforcer la sécurité de leur site, tant physiquement que numériquement. Le SCK CEN n’y échappe pas, des suites d’un contexte international qui a bien changé. En 2020, nous pouvons à juste titre être fiers du résultat obtenu, avec une reconnaissance officielle de l’AFCN. Pourtant cette reconnaissance officielle ne signifie pas l’aboutissement de nos efforts. Nous continuerons de moderniser notre sécurité sur le même rythme pour faire face aux nouveaux défis.

Peter Baeten (Directeur général adjoint)